L’énergie solaire connaît une croissance exponentielle
Depuis 2010, on a raccordé davantage de capacité solaire photovoltaïque qu’au cours des 40 dernières années. L’éclipse de vendredi pourrait donc avoir un impact important sur la production d’énergie. En France, les professionnels de la filière se plaignent pourtant du manque de soutien des pouvoirs publics.
Voici quelques années, une éclipse solaire n’aurait eu aucun retentissement sur la production d’électricité. En 2005, il n’y avait en effet que 5 gigawatts (GW), soit 5000 mégawatts (MW) de puissance installée. « Or aujourd’hui, la croissance se fait de manière exponentielle : depuis 2010, on a raccordé davantage de capacité solaire photovoltaïque qu’au cours des 40 dernières années », souligne d’emblée Daniel Bour, le président d’Enerplan, le syndicat des énergies solaires. Celui qui est aussi président de Générale du solaire indique parallèlement qu’en 2014, 45 GW de nouvelles capacités ont été installées, dont 8 GW en Europe. « Cela porte la puissance totale installée dans le monde à 185 GW, dont 86 GW en Europe. »
Pour Daniel Bour, la France, en comparaison, semble ne pas avoir pris la pleine mesure de cette révolution et est par conséquent de plus en plus distancée. « La puissance totale installée ne s’élève qu’à 4,9 GW. Seuls 0,9 GW de nouvelles capacités ont été raccordées au réseau en 2014. » Certes, le projet de loi d’orientation énergétique est sur les rails – avec un objectif largement consensuel de 32% d’énergies renouvelables dans le mix en 2030 – mais rien n’est dit précisément sur les encouragements au solaire. « En ce qui concerne la part de chaque énergie dans cet objectif global, l’essentiel va se jouer dans les textes d’application de la loi, et notamment dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) qui est en ce moment en train d’être discutée », poursuit Daniel Bour.
«Sa caractéristique principale est d’être une forme de production décentralisée, ce qui permet (…) de produire de l’énergie là où elle est consommée, évitant des pertes importantes lors du transport.»
Daniel Bour, président d’Enerplan, syndicat des énergies solaires
Au regard de l’intéressé, l’énergie solaire devra y prendre toute sa place, compte tenu de son potentiel de gains de productivité et de réduction de coûts qui en fait d’ores et déjà l’une des sources d’électricité les plus compétitives. « Sa caractéristique principale est d’être une forme de production décentralisée, ce qui permet de répondre à une demande forte de la part des citoyens et des collectivités territoriales, et de produire de l’énergie là où elle est consommée, évitant ainsi des pertes importantes lors du transport. »
Les entreprises françaises cherchent la croissance à l’international
Limités dans leur expansion dans l’Hexagone, beaucoup d’entreprises françaises vont chercher à l’international des relais de croissance : toutefois, en plus de la faiblesse de leur marché domestique, elles souffrent du manque de soutien financier à l’export, complète Daniel Bour, notamment par rapport aux concurrents allemands, chinois et américains. Actuellement, le marché mondial est toujours tiré par les Etats Unis, le Japon et la Chine, « qui à eux trois ont raccordé 26 GW en 2014 ce qui représente 57% des nouvelles capacités solaires photovoltaïques mises en service dans le monde cette année ».
Mais d’autres marchés, illustrés par Daniel Bour, sont très prometteurs car les besoins en électricité sont immenses et l’ensoleillement y est très favorable: l’Inde, qui lance en ce moment des appels d’offres pour des centrales de 500 MW chacune et un volume global de 20 GW ; l’Amérique latine avec des pays comme le Chili dans lesquels le marché de l’électricité est pleinement ouvert à la concurrence et où le solaire a d’ores et déjà démontré sa compétitivité ; l’Asie du Sud-Est, mais aussi l’Afrique sub saharienne, où des pays tels que la Côte d’Ivoire ou le Togo lancent à leur tour des appels d’offres pour s’équiper de centrales solaires photovoltaïques.