Brienne-le-Château : le centre de munitions envahi… par les hirondelles
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C’est bien connu, les animaux, notamment les oiseaux, prennent parfois leur aise là où on ne les attend pas. Et ce n’est pas parce qu’ils se trouvent sur un site militaire, à l’accès très strict, qu’ils vont se formaliser. Exemple en ce moment du côté de Brienne-le-Château, route de Juzanvigny.
Le constat
L’Établissement principal de munitions (EPMU) régional de Brienne-le-Château est actuellement confronté à un problème d’invasion de volatiles. En l’occurrence, un afflux d’hirondelles de fenêtres, une espèce protégée d’oiseaux (voir par ailleurs), qui ont réussi à déposer 58 nids sur un bâtiment d’hébergement du personnel récemment rénové. Selon l’arrêté pris par la préfecture de région autorisant la suspension de l’interdiction concernant la destruction de ces nids, « les dégâts occasionnés sont jugés excessifs ». Les 58 nids en question se situent sur les 7/8es des façades du bâtiment, « au niveau des fenêtres et volets roulants des étages, notamment ».
Le processus
Face à de telles situations, le Code de l’environnement (article L411-2) prévoit que « la délivrance de dérogations aux interdictions ne peut se faire que s’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante […]et que la dérogation ne nuit pas au maintien […] des populations des espèces concernées dans leur aire de répartition naturelle ». Pour obtenir l’indispensable dérogation dans le cadre de l’entretien et du nettoyage du bâtiment, le ministère des Armées, organisme de tutelle du centre briennois, a formulé une demande officielle le 18 février dernier. Après l’avis – favorable – du conseil scientifique régional du patrimoine naturel du Grand Est et la consultation du public en avril, l’accord de l’État est intervenu le 14 mai dernier.
La solution adoptée
Les 58 nids à retirer le seront durant une période définie, soit entre le 15 août prochain et le 20 mars 2020. Durant ces sept mois, des tablettes en plastique prendront place sur le bâtiment d’hébergement afin d’éviter la recréation des nids au retour de migration des hirondelles, qui intervient au printemps.
Pour autant, les oiseaux intrusifs ne seront pas chassés du site. Avant le début de la campagne de retrait des nids, un préau, positionné à 50 mètres du bâtiment touché et équipé de 120 nichoirs artificiels et d’un système de repasse, sortira de terre. Un système de repasse, fonctionnant avec un kit solaire, servira à attirer les hirondelles dans leur nouvel antre.
Toutefois, l’efficacité de ce système n’est pas garantie et pourrait entraîner le déclin de la population locale. Si cette hypothèse venait à se confirmer, le ministère des Armées devra apporter « des mesures correctives ». Un exemple ? Installer des nichoirs sur les bâtiments voisins.
D’une taille oscillant entre 13 et 15 centimètres, l’hirondelle de fenêtre ( (Delichon urbicum) est réputée pour être une espèce citadine. Pour autant, elle peut nicher également au cœur de nombreux petits villages et de fermes ou bâtiments isolés. De plus, elle se comporte de manière très grégaire, tout au long de l’année. Elle se reproduit en effet en colonie, divisée elle-même en sous-colonies.
En avril, les hirondelles de fenêtre reviennent de leur hivernage au Sud du Sahara pour occuper leur zone de nidification en Europe et en Asie. Après la période de nidification, en septembre, elles reprennent le chemin de la migration. L’espèce est en déclin en France – en 20 ans, la population a chuté de 40 % en vingt ans.
Les raisons ? La pollution de l’atmosphère, l’usage de pesticides, les façades des habitations modernes peu adaptées à leurs nids ou les destructions sauvages, et donc illégales (l’infraction est passible de 9000€ d’amende et de six mois d’emprisonnement).