La maison de demain sera autosuffisante et propre sur le plan énergétique – MICRO SOLAR ENERGY
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La maison de demain sera autosuffisante et propre sur le plan énergétique

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ENERGIE Système de gestion des flux, l’éco énergie embrasse des domaines comme les panneaux solaires, les pompes à chaleur ou encore les batteries de stockage. Elle permet par exemple de faire fonctionner la machine à laver lorsque l’énergie produite n’est pas utilisée ailleurs.

Les évolutions récentes du marché de l’énergie ont induit une transformation des activités proposées par les sociétés du secteur en Suisse. Il n’est désormais pas usurpé de parler d’elles comme des architectes de l’énergie pour ce qui se rapporte à l’habitat, individuel ou collectif. La maison de demain sera autosuffisante sur le plan énergétique et respectueuse de l’environnement. Un futur d’ailleurs déjà présent, grâce à la transition énergétique amorcée et l’essor des énergies renouvelables.

Les thématiques liées au réchauffement climatique et la préservation de l’environnement en général montent en puissance chez le consommateur et chez ceux qui cherchent à répondre à ces nouveaux besoins. De plus en plus d’acteurs du secteur de l’énergie proposent toute une série de prestations clé en main. L’éco énergie embrasse des domaines comme les panneaux solaires photovoltaïques et thermiques, les pompes à chaleur, la géothermie basse température et les batteries de stockage solaire.

Autonomie énergétique

Il est déjà possible d’équiper sa maison d’un système complet et intelligent permettant une production d’énergie électrique et thermique efficiente. Les équipements proposés vont de l’installation solaire à la pompe à chaleur, en passant par la batterie et la borne de recharge pour la voiture électrique. La maison est alors connectée au système éco énergie. Lorsque les panneaux solaires sur le toit produisent plus d’énergie que le maître des lieux n’en consomme, le dispositif enclenche automatiquement la pompe à chaleur ou le chauffe-eau.

Des réserves d’eau chaude peuvent être ainsi constituées. Le système peut aussi faire fonctionner la machine à laver ou recharger la voiture. Et si toute l’énergie n’est pas utilisée, pas de gaspillage pour autant, elle est stockée dans la batterie installée au sous-sol, une option toutefois encore assez onéreuse.

Ainsi, même pendant la nuit, il est possible de recourir à sa propre électricité. Et si les réserves sont épuisées, la maison peut toujours faire usage au réseau classique. En privilégiant son autonomie énergétique, on gagne en indépendance et augmente la rentabilité de ses installations.

La clé de voûte du concept consiste à s’appuyer sur des systèmes de gestion et de suivi ergonomique des flux énergétiques.
NILS FRANTZ, RESPONSABLE DU SECTEUR DES PROJETS THERMIQUES CHEZ VITEOS

«La clé de voûte du concept consiste à s’appuyer sur des systèmes de gestion et de suivi ergonomique des flux énergétiques, explique Nils Frantz, responsable du secteur des projets thermiques chez Viteos. Ces systèmes intelligents intégrés considèrent le surplus d’énergie solaire disponible, afin de maximiser l’autoconsommation du bâtiment. A partir des mesures, ils pilotent les principaux consommateurs d’énergie électrique.»

Par ailleurs, des solutions clé en main sont aussi proposées pour la réalisation et la gestion de «communauté d’autoconsommation solaire», dès le moment où plusieurs appartements sont réunis sous le même toit.

Maximiser les ressources

Au-delà, «un suivi et une maîtrise efficace des consommations, ainsi que leur mise en adéquation avec la production solaire photovoltaïque, est primordiale pour maximiser l’autoconsommation du bâtiment et valoriser l’électricité localement, à sa valeur économique la plus élevée», précise Nils Frantz. Et d’ajouter que la technologie solaire photovoltaïque est particulièrement bien adaptée à l’intégration des énergies renouvelables dans les immeubles. De plus, son large développement industriel en a fait un instrument rentable.

Pour stimuler ces concepts, l’idée consiste à valoriser l’énergie localement, sachant qu’une installation solaire classique ne sert à couvrir réellement que 30% des besoins d’une maison. «L’autoconsommation est plus intéressante que l’achat d’électricité qui cumule coût de production et de distribution», explique encore le spécialiste de Viteos. A défaut de communautés, le courant passe de toute façon dans le réseau contre rémunération.

Philippe Lebet

 

UNE VOLONTÉ DURABLE
Les économies d’énergie et l’utilisation optimale de celle-ci font désormais partie du quotidien. Les premières ne datent pas d’aujourd’hui, mais des années 1970 déjà, alors que la seconde s’appuie sur l’essor de la société numérique. Les deux notions font toutefois appel à des comportements de sobriété et d’efficacité, afin de favoriser une consommation harmonieuse et d’éviter le gaspillage.
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979, puis la crainte d’épuisement des ressources naturelles à partir des années 1990, ont conduit lentement mais sûrement à une modification des habitudes dans la population. Plus récemment, le réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre, le gaz carbonique (CO2) en particulier, provenant entre autres de la forte consommation de produits pétroliers, a renforcé le mouvement.
Philippe Lebet

 

UN MOUVEMENT DE FOND

«Le concept de maison intelligente est un mouvement de fond qui existe et qui va en s’accélérant», constate Sergi Aguacil, qui dirige le groupe Bulding 2050 chez Smart Living Lab, une entité de l’EPFL, basée à Fribourg. Le phénomène se diffuse du monde académique aux institutions politiques, en passant par les caisses de pension, qui placent beaucoup de fonds dans l’immobilier. Le monde politique affiche des craintes par rapport au patrimoine, en référence à une possible inflation de panneaux solaires dans la construction, alors que les investisseurs privés s’inquiètent de la rentabilité.

Selon Sergi Aguacil, il n’y a pas lieu d’avoir peur. «On parle de technologies (comme le photovoltaïque) éprouvées depuis plus de 30 ans.» Ces évolutions impliquent beaucoup d’acteurs, notamment une collaboration entre architectes, ingénieurs, techniciens et entreprises pour enrichir les projets. «Il s’agit de construire des bâtiments plus performants pour consommer moins d’énergie, avec une électricité propre, pour réaliser des économies», résume celui qui est aussi l’auteur récent d’une thèse de doctorat sur les stratégies de rénovation d’immeubles résidentiels.

La maison de demain doit chercher à optimiser sa consommation d’énergie tout en profitant du réseau, pour autant que celui-ci propose une énergie évitant le carbone. Il faut éviter par exemple les moments où l’on importe de l’électricité produite en Allemagne dans des centrales à charbon et favoriser une électricité d’origine hydraulique ou éolienne. «On peut aussi stocker sa propre énergie pour les mauvaises heures, où est fournie une électricité carbonée.»

DÉFI DU DESIGN

«Le design des bâtiments constitue aussi un défi», relève Sergi Aguacil. Et c’est la crainte du monde politique et des particuliers. Ces derniers sont évidemment intéressés à sortir du mazout et abandonner leur citerne, mais ils veulent être certains d’effectuer le bon choix. «Mais une chose est sûre, assure Sergi Aguacil, sortir du pétrole permettra d’être moins exposé aux fluctuations des prix de l’or noir.» De plus, il paraît inéluctable de voir les taxes sur les hydrocarbures augmenter dans la perspective de respecter les engagements des Etats pour diminuer l’ampleur du réchauffement climatique et réussir la transition énergétique.

L’éco énergie ne doit pas uniquement s’intéresser aux nouvelles constructions, sachant qu’en Suisse, il y a 1,3 million de bâtiments datant d’avant 1985 et prêts à être rénovés. «Pour atteindre les objectifs de la stratégie énergétique 2050 de la Confédération, on ne peut pas se contenter de ne penser qu’aux nouveaux bâtiments et quartiers performants, il faut se concentrer aussi sur le parc immobilier existant», conclut Sergi Aguacil.